Sarine 2

Tenu six jours sans acheter un franc de nour­ri­t­ure. L’ar­gent passe dans les chopes de bière. La pluie ne cesse pas. La cham­bre est sous les toits. Je me redresse dans le lit, je vois la Route-Neuve. J’ai soix­ante télé­phones à pass­er. Des incon­nus qui gèrent des salles de fit­ness. Des incon­nus à qui il faut ven­dre notre pro­duit. Après deux ans à fab­ri­quer le Train­ing Cube, inven­ter sa méth­ode, sim­pli­fi­er l’en­seigne­ment de la défense per­son­nelle, il s’ag­it de se rem­bours­er et de faire for­tune. Par­ler au télé­phone lorsque l’on est dans la posi­tion du deman­deur est dif­fi­cile, ingrat, frus­trant. Après chaque appel, je reprends mon souf­fle. Les appelés sont inscrits dans mon tableau : homme/femme, intéressé/pas intéressé, rappeler/ne pas rap­pel­er. Toutes les demi-heures, je sors marcher. Basse-ville piran­del­li­enne. Fonc­tion­naires au tra­vail. Grand bruit. Le bruit des out­ils démon­tre l’im­por­tance du tra­vail en cours. Son util­ité. Repein­dre une bar­rière (au pis­to­let), ton­dre l’herbe ( au débrous­sailleur), bal­ay­er la pluie (à la brosse rota­tive). Et les cloches son­nent à Saint-Nico­las, et le brouil­lard, le froid, la pluie.