Machina 3

L’ef­fet recher­ché de pro­pa­gande, mais encore la bru­tal­ité de la for­mule du posthu­man­isme de “télécharge­ment de l’âme” sus­cite le rejet. L’âme n’est pas suff­isam­ment désacral­isée. Par­tant le téle­sco­page est cal­culé et voulu: il s’ag­it de con­fron­ter un passé mythologique à la tech­nolo­gie. Toute­fois, envis­agé d’un point de vue moins mil­i­tant, le sujet est bien sur la table. La cyberné­tique puis la philoso­phie cog­ni­tive ont réduit l’e­sprit (après avoir nié l’âme) et les util­i­taires minia­ture inscrivent dans le réel, au quo­ti­di­en, une société sans corps. Non pas qu’il n’y ait plus de corps, mais ce ne sont plus eux, les corps, qui don­nent son sens au monde que créent les vivants mais les actes de com­mu­ni­ca­tion enreg­istrés sur le réseau. A la rigueur, j’aimerais mieux sor­tir sans famille ni mes amis que sans le ter­mi­nal de poche qui fait de moi un mem­bre de l’in­ter­con­nex­ion des cerveaux capa­bles d’ex­pres­sion. La “fausse mal­adie” dite Covid fut une pre­mière ten­ta­tive à l’échelle plané­taire de sup­primer le corps en niant l’u­til­ité de l’e­space, restant alors le temps comme lieu de vec­tori­sa­tion expo­nen­tiel du “devenir-soi”. L’émer­gence dans la machine est une métaphore de ce que les courants cog­ni­tivistes con­sid­èrent comme seul exis­tant: une supra-addi­tiv­ité basée sur un cal­cul biotech­nique. Il acte en théorie la dis­pari­tion pour “non-con­sis­tance” de l’âme comme de l’e­sprit — en un sens ontologique. Mais surtout, il pré­pare effec­tive­ment le glisse­ment séman­tique qui per­me­t­tra de pass­er du stade anthro­pologique antérieur (l’homme corps et esprit) au stade anthro­pologique pro­gram­mé et volon­tariste d’une entité dont l’e­sprit pro­gram­ma­tique (décodé puis codé en con­tinu) absorbera le corps et dis­soudra l’his­toire de feu et de sang dans une léthargie machinique, pseu­do-sta­tique, ali­men­tée et ali­men­tant des serveurs qui, en cir­cuit semi-ouvert, écriront l’his­toire future de l’espèce.