Boue

Pluies et inon­da­tions sur l’Isle-Blanc entre les cen­trales atom­iques de Tri­c­as­tin et de Golfech. La forêt ruis­selle, le lac débor­de, la terre enfonce. J’ai roulé huit heures depuis les Pyrénées cen­trales. Le pas­sage habituel du Som­port est écroulé. Suivi et précédé de motards qui jouent la route ser­pen­tine, je dévie par le Pour­talet, tra­verse la cuvette de Lour­des, rejoins le plateau autorouti­er à Tarbes. A la nuit, quand j’at­teins le camp­ing de l’Isle la porte se referme sur moi. Au bar, deux ouvri­ers d’Engie qui dor­ment sous tente expliquent: : “c’est mou, les vans s’embourbent”. Ils m’en­voient à dix kilo­mètres et prévi­en­nent : “c’est en pente, ça ira pour le moteur?”. Drôle d’in­quié­tude: mon VW grav­it les murs. Au Flo­ral, lotisse­ment pour car­a­vanes à l’an­née, je grimpe sans peine un chemin tra­vail­lé à la tru­elle. Le pro­prié­taire est en pyja­ma. Il bougonne, dépous­sière un reg­istre, renonce, empoche vingt Euros. La par­celle est sous les peu­pli­ers. Les chats filent, un bébé pleure. Je m’en­ferme dans le van, j’in­stalle ma table, mes bières, la musique. La fenêtre donne main­tenant sur la pre­mière tour de Tri­c­as­tin, ses vapeurs coton­neuses, ses sig­nale­ments anti-aériens.