Mois : septembre 2024

Nocturne

Rêves d’épou­vante. Hommes et femmes, qui m’ap­proche a le crâne fendu et dévide des vers. Les créa­tures frétil­lent au sol. Pas de peur, je n’ai pas peur. Est-ce que je rêve? Je ne sais pas. Prêt, je suis prêt. Voyez, je ferai face au pire. Pas croy­ant. Et prêt. Pas intéressé. Toute­fois je m’é­tonne, que se pro­duit-il dans cette chair, pourquoi son éclate­ment, sa dis­per­sion, pourquoi cette horreur? 

Ignorance

J’ig­no­rais que pour devenir écrivain aujour­d’hui, il fal­lait suiv­re des règles: “Faites pass­er le mot ! Partagez votre con­tenu sur vos plate­formes de réseaux soci­aux préférées afin de sus­citer l’intérêt et d’améliorer votre référencement.”

Stand

Au marché du dis­trict, vendeur de desséchés, abri­cots, pruneaux, fèves à qui je prends un demi-kilo de noix. A ma vue il demande, entouré comme je suis de Mon­père et de sa femme: “ce garçon est sor­ti de vous? Ah, il est grand, fort, je veux dire fort grand!”. Etrange incom­préhen­sion, temps muet: aucun de nous trois ne saisit le sens de la remar­que, ou son inquié­tude ou son admi­ra­tion. Aus­sitôt je fais face au vendeur, lui tends la main, dis mon prénom : “Alek­sander”.

Don

Le don de penser et d’écrire, ain­si de se tenir à quelques mètres du monde et de l’apercevoir, pas de plus grande jouissance. 

Eugène

Ionesco meur­tri par la ques­tion de la mort au point de juger dérisoire ce qui fait la vie, d’où son absurde. 

Regrets

Qu’ai-je fait de mes années les plus pré­cieuses? Le meilleur, toujours.

Belle affaire

Rêve des demi-fous de la val­lée du Sil­i­cone, habiter une autre planète. Si c’est pour l’habiter comme la terre.

Facture

Le voisin du deux­ième dans l’as­censeur. Il remar­que la fac­ture de “dépol­lu­tion de l’eau” que je viens de tir­er de ma boîte à let­tres. Il me demande ce que c’est, quand je l’ai reçue, quelle somme je dois. Quand il voit que je dois HUF 5950.- (env­i­ron 15.- francs), il est soulagé comme s’il venait d’é­conomiser de l’argent.

Rémanence

Ce qu’il savait, il ne le savait pas longtemps.

Totalitarismes

Tout pro­jet total­i­taire passe par la con­fis­ca­tion du lieu de vie. Une action qui rend impos­si­ble le fait d’être soi-même quelque part.