Mois : novembre 2023

Comprendre 2

Que dans sa guerre con­tre l’Eu­rope, l’Amérique a placé aux postes clefs des liquidateurs.

Week-end

Après une semaine partagée entre les études et la fête, j’obte­nais auprès de mon amoureuse de retourn­er dans la ferme famil­iale jus­ti­fi­ant de pro­jets pour aller seul. Elle soupçon­nait… non elle ne soupçon­nait rien: elle peinait à com­pren­dre. Pourquoi tenais-je pour néces­saire cette activ­ité qui con­siste à “retrou­ver ses principes? C’est que j’é­tais con­va­in­cu que les événe­ments de la semaine écoulée, fruits du hasard et du désor­dre, n’avaient éloigné des justes événe­ments, ceux qu’au­raient dû pro­duire en toute logique mes principes. Ain­si éloigné de moi-même, il me fal­lait user du week-end pour remon­ter le cours des évène­ments et réaf­firmer ces principes si je voulais revenir dans la ville et repren­dre l’expérience.

Lettre

Quelques jours après mes dix-huit ans, Mon­père m’a remis une let­tre. Il avait encore en main la clef de la boîte à let­tres. La boîte à let­tres, un objet que j’avais tou­jours cru déco­ratif, avait donc une fonc­tion. Des incon­nus savaient son exis­tence, ils savaient qu’elle était vis­sée à un mur, que ce mur était celui de la mai­son de Mon­père et que la mai­son pos­sé­dait une adresse. Ils s’é­taient servi de ces infor­ma­tions et m’en­voy­aient une let­tre pour mes dix-huit ans. C’é­tait une fac­ture. Cela se pas­sait en 1983. Je me sou­viens encore de ma tête. Le con­tenu de la let­tre annonçait l’in­ten­tion de me vol­er et don­nait même un délai pour l’ac­com­plisse­ment du vol. Or je n’avais encore rien pro­duit. Était-ce impor­tant? Non, que je pro­duise ou ne pro­duise pas, la somme restait due. 

Leur désert

Au Proche-Ori­ent, con­flit meur­tri­er entre deux par­tis extrémistes. L’un Israélien, con­duit par des car­riéristes, l’autre pales­tinien, con­duit par des ter­ror­istes. Au nom de Dieu car il faut un pré­texte, ils se bat­tent, les uns et les autres, con­tre leurs peu­ples et con­tre les peu­ples. Leur intérêt est maffieux. Nous avons déjà nos maffieux en Occi­dent : ils occu­pent des postes clefs dans les gou­verne­ments et dans les multi­na­tionales. Rai­son pour laque­lle il faut être plus anti­sémite que jamais: pas de rai­son d’im­porter sur nos ter­res un con­flit tal­mu­do-coranique sans rap­port avec la cul­ture ratio­nal­iste, ce d’au­tant plus que nos maf­fias locales ne cessent d’ou­vrir — pour leur usage privé — de nou­veaux fronts, à com­mencer par l’Ukraine.

“Andréï Roublev”

“Faire brûler des ani­maux c’est hor­ri­ble. Mal­heureuse­ment cela se pro­duit encore de nos jours. Un réal­isa­teur de ciné­ma, jeune homme de tal­ent, fai­sait un film. Et il avait décider qu’il lui fal­lait mon­tr­er dans ce film une vache en train de brûler. Mais per­son­ne n’ac­cep­ta de met­tre le feu à la vache, ni l’as­sis­tant du réal­isa­teur, ni le cam­era­man. Alors le réal­isa­teur arrosa lui-même la vache de pét­role et la fit flam­ber. La vache se mit à courir en mugis­sant. C’é­tait une torche vivante, et ils la filmèrent. Les pris­es de vue se pas­saient à la cam­pagne. Lorsque les paysans apprirent cela, il fail­lirent tuer le réal­isa­teur”. Les mémoires de Dim­itri Chostakovitch (à pro­pos de Tarkovski).

Culture

Mes patates sont petites ou moyennes, peu sont gross­es. Elle ont des trous noirs. Ce n’est pas une image, ce sont de trous et ils sont noirs. Lorsque l’on pèle, le noir révèle la chair ou alors il faut creuser avec la pointe du couteau, évider la patate. Au retour de la prom­e­nade du Saint-Graal, le paysan me mon­tre sa récolte. Elle est répan­due au sol dans la remise. Il me la mon­tre afin que je vois que comme les miennes ses patates sont petites et moyennes plutôt que grandes, que s’il a soix­ante ans d’ex­péri­ence lui non plus ne peut rien con­tre les trous noirs. Je prends plusieurs patates dans la main, les tourne et retourne: elles sont parfaites. 

Patrouille

De retour dans le van au camp­ing munic­i­pal de Saragosse, je con­sulte mes mes­sages sonores. Voix souf­fre­teuse d’Evola: “c’est le cœur, j’ai de la peine à souf­fler, je me suis évanoui sur le sen­tier au milieu des mou­tons, j’a­ban­donne la tran­shu­mance, je vais essay­er de ren­tr­er sur le ter­rain”. Véri­fi­ca­tion faite, le mes­sage date de la veille. Il y en a un autre, la voix est encore plus faible: “les tem­pes bat­tent, je n’ar­rive pas à décoller du lit, j’ai de la fièvre”. Ce deux­ième mes­sage, posté le matin, je l’é­coute à 22h30. J’es­saie d’ap­pel­er Evola : pas de réponse. Sachant qu’il est seul dans la val­lée, que Piedral­ma est invis­i­ble depuis la route et qu’il n’y a pas de cou­ver­ture télé­phonique (les mes­sages sont envoyés par inter­net), je me demande: est-il mort? Je rap­pelle. Rien. Je com­pose le numéro des Urgences. Le ser­vice de Huesca me ren­voie à la Cen­trale de sec­ours des Pyrénées. Là, une mil­i­taire se met en con­tact avec la patrouille des Val­lées occi­den­tales. Je me couche. A minu­it, la mil­i­taire me réveille: “j’ai eu la patrouille, elle va pass­er voir votre ami”. Un heure du matin, la mil­i­taire me réveille: “la patrouille sera bien­tôt sur place”. Elle rap­pelle: “Je viens d’avoir un con­tact radio, votre ami est vivant mais il ne peut pas bouger, il a de la fièvre et n’a pas voulu être emmené l’hôpi­tal, la patrouille rap­pellera dès qu’elle sera sor­tie de la zone blanche”. Je me ren­dors. A une heure du matin, coup de télé­phone de la patrouille: “Evola est mal en point, mais nous ne pou­vons pas le forcer à nous suiv­re, nous repasserons demain avec des médica­ments…”. Bien, je vais pou­voir dormir. Non, Evola appelle: “c’est incroy­able, des mil­i­taires sont passés, j’é­tais au lit, c’est tout juste si j’ai réus­si à me traîn­er jusqu’à la porte… Ils m’ont dit que tu les avais envoyés… Là ça va. Pas mieux, mais ça va… Dès que je pour­rai me lever, j’i­rai à l’hôpi­tal, en Suisse”. 

Etude

Avan­tage lorsque j’ai à m’ex­pli­quer, je démêle le prob­lèmes sans per­dre l’in­ter­locu­teur. Quant aux échanges courants (qui n’ont pas la qual­ité de “con­ver­sa­tions” encore moins de “dis­cus­sions”), tant qu’ils sont fondés sur la réflex­ion ou le bon sens ils sont plaisants, mais de plus en plus les opin­ions sont des emprunts-machines.