Cube 5

Forte pluie. Le camp­ing est inondé. Je cours en culottes sur le ter­rain, arrive mouil­lé aux douch­es, reviens mouil­lé au van. Autour d’E­topia, le ter­rain vague colle aux semelles. Puis je tran­spire car je vais vite, trop vite. Faire en neuf heures des découpes pour lesquelles il faudrait prévoir deux ou trois jours fait tran­spir­er. Mais je trou­ve un sub­terfuge, se dédou­bler: j’en­duis les faces du cube de colle et je découpe la face suiv­ante pen­dant que la colle sèche sur la précé­dente, en même temps je fab­rique les pieds des pan­neaux didac­tiques, teste les charnières et demande à David de véri­fi­er (il n’est pas disponible, après une semaine de va-et-vient de l’aigu­ille d’im­p­ri­mante 3D, le client bougon qui tra­vaille un casque sur les oreilles a obtenu son objet, un petit feu rouge pour le pas­sage à niveau d’une maque­tte de train). A l’heure du repas David part. Je le sup­plie de me laiss­er tra­vailler. Il hésite. Je sug­gère de m’en­fer­mer dans le lab­o­ra­toire. Il m’en­ferme. Plus tard une femme de ménage pénètre dans le lab­o­ra­toire. Elle demande ce que je fais là. J’ex­plique: David m’a enfer­mé. Com­men­taire: “cela ne lui ressem­ble pas!”. Elle est inquiète. Net­toie à peine, s’en va. Je colle, je découpe. A dix-sept heures, le pro­to­type est achevé. Il ressem­ble à un gros morceau de sucre. Je pho­togra­phie, j’en­voie à Max­i­mum. Il ne pleut plus, il vente. Saragosse est la cap­i­tale du vent. Je rap­proche le van de la sex­tu­ple porte du bâti­ment. A plat ven­tre sur les sept faces du cubes (5 + 2 moules con­tenant les sim­ili-couteaux et les sim­ili-matraques), David fait con­tre­poids, il évite que mon tra­vail ne s’en­v­ole. Il me félicite, je le remer­cie et promets d’écrire dès le retour de Saint-Tropez.