Ville basse

Assis sur un banc des berges de la Sarine dans un épais soleil de fin de journée, Mon­a­mi, N0N et Claude. Nous par­lons de P.I.L, de Krav Maga et de tir tac­tique, de nos par­ents et de vacances. Une femme promène une cou­ple de chiens à roulettes l’ar­rière train amputé. Un drogué prend appui sur le mur d’en­ceinte de la ville-ville et pisse. Mon­a­mi part chercher des bières au kiosque. De retour, il dit : “le drogué com­met­tait un vol, les munic­i­paux vien­nent de l’ar­rêter”. Vers le pont du Milieu, une femme genou à terre souf­fle sur un brasero tan­dis que son ami à chignon déballe des sauciss­es de légume. Il fait chaud. Trente degrés. Peut-être plus. A tour de rôle, nous sai­sis­sons nos télé­phones pour appel­er Gula. Elle ne répond pas (à minu­it, elle m’écrit: “je regar­dais un film avec mes enfants”). En con­tre­bas, dans la riv­ière, les bas de pan­talons retroussés, un touriste marche dans l’eau. Un appareil-pho­to pend sur sa poitrine, il a l’air ravi. Nous sommes tou­jours sur le banc. Mon­a­mi pro­pose de louer un cham­bre d’hô­tel, nous y dormiri­ons après avoir fait la fête. Je sug­gère de fauss­er com­pag­nie à nos amis de Fri­bourg pour retourn­er au camp­ing de Morat. Pen­dant un moment, nous ne dis­ons plus rien. Long moment. “Encore dix ans, dis-je aux autres, et nous ne dirons plus rien, nous regarderons sim­ple­ment devant nous”.