La femme qui organise notre séjour sur cette terre apparaît sur l’horizon. Elle est chevelue et barbue. Cheveux et barbe sont noirs. Elles respecte les distances. Nul n’est censé savoir qui elle est. Je transporte un sac rempli de bouteilles de vin. L’une de ces bouteilles est cassée. Les débris ne me blessent pas le dos, le vin ne coule pas, mais je me représente cette blessure, cet écoulement. Je monte l’escalier. Dans l’appartement la fête bat son plein et chacun se demande: est-ce une fête généreuse? Nous sommes de retour dans la ville. Un bâtiment s’effondre. Un autre. Encore un. Le bâtiment est là, il n’est plus là. Notre groupe panique. N’importe quel bâtiment peut s’effondrer, nous tomber dessus, nous ensevelir. Je prends la direction du groupe, nous courons en direction de la mer. L’eau monte dans le canal. Le ressac menace. Je crie: “tous au parapet!”. Je m’exécute. Je patine dans la boue. Les autres n’ont pas suivi. Ils sont engloutis par les flots. Un Allemand installé sur une hauteur répète en allemand: “Gibt es Division?”. A la suite de Mamère, j’entre dans une librairie de plusieurs étages. Mamère monte. Je vais derrière. Aucun livre. Des employés habillés de blanc. Ils me dévisagent. Toujours aucun livre. Occupés à des tâches de bureau, les employés se demandent ce que je veux. Lorsque j’arrive au dernier étage, Mamère est de retour dans l’avenue. Quelqu’un fait rouler une balle de tennis sur la chaussée. Les passants essaient de l’attraper. Les voitures freinent. Elles freinent trop tard, il y a des écrasés. Je me précipite. Je tape dans la balle. Elle file. Un policier veut la saisir. Les passants sont d’accord: il ne faut pas que le policier s’empare de la balle. (Eléments: Adama Traoré-achat de bouteilles de Viñas del Vero-tremblement de terre de Turquie-Orda, l’hydrocosmos-faillite de la librairie Gilbert-Jeune de Paris-balle de tennis abandonnée sur le terrain de Piedralma-émeutes de France contre plan de retraite.)