Quatre étoiles

Ban­lieue de Viñaros onze heures le soir. Devan­tures clos­es, promeneurs de chiens, réver­bères jaunes. Gala a faim. Trois heures que nous roulons dans la nuit. Après avoir abat­tu 220 kilo­mètres, l’or­di­na­teur de bord nous perd. Une chance puisqu’il y a près d’une phar­ma­cie de garde un restau­rant tenu par des Colom­bi­ens. Ils fer­maient, il rou­vrent. Nous man­geons de la viande et des tomates. J’en prof­ite pour deman­der la direc­tion de l’hô­tel. Je pari­ais sur l’est, le patron indique l’Ouest et affiche un plan sur son télé­phone: à l’év­i­dence l’adresse com­mu­niquée par le site de réser­va­tion est fausse. Lorsque nous aboutis­sons à la récep­tion, un ado­les­cent en cos­tume nous dit: “vous êtes bien à l’hô­tel Aura, mais il y en a deux, votre cham­bre est dans l’autre hôtel”. Je fais remar­quer que l’adresse était fausse. Dés­in­volte il répond : “oui, il fau­dra chang­er ça”. L’autre hôtel Aura, ou plutôt le sec­ond bâti­ment du même hôtel, est “à côté”. L’ado­les­cent fait un geste par dessus l’é­paule: “juste là!”. Je redé­marre la camion­nette, fais le tour du quarti­er, m’éloigne. Un promeneur de chien nous ren­seigne: il mon­tre l’en­seigne de l’hô­tel Aura éclairée dans la nuit. Nous voici de retour devant le même bâti­ment. J’at­trape l’ado­les­cent, l’amène dans la rue, exige qu’il mon­tre le bâti­ment. En effet, l’hô­tel est “juste là”. Mais il est dans une impasse, inac­ces­si­ble en voiture, invis­i­ble au regard; après véri­fi­ca­tion l’im­passe n’a pas de nom.