Encore de la peine à diriger, aligner, équilibrer la camionette. Moi qui jamais n’ai su conduire. Autre chose : tout ce qui allonge le corps, y compris le vélo, me semble étrange. Dans ce cas, la protubérance est de taille, plus de cinq mètres, sept avec le porte-bagages. J’ajoute que l’accès au site de camping d’Aritzigain se fait par une pente de 19% où se baladent les ânes. Une fois installé, je suis le plus heureux des hommes. J’organise un “monde en raccourci”, profite de la fin du soleil, boit de la bière sous l’auvent de toile, écoute sonner les cloches au village voisin de Sunbilla. La nuit, l’angoisse me rattrape. La camionnette prend les commandes. Elle desserre le frein à main, s’élance en bas du talus et s’immobilise contre le restaurant. Je l’interroge: “que fait-on là?”. Elle répond d’un geste. Je vois! En partie haute, le terrain est transformé en marécage. Je ne dis pas non, mais me récrie: “la prochaine fois, avertis!”. La camionnette: “Impossible, je viens d’apprendre que Calaferte va te rendre visite et il arrivera par là, en marchant sur les eaux.”.