Navarre 3

Encore de la peine à diriger, align­er, équili­br­er la camionette. Moi qui jamais n’ai su con­duire. Autre chose : tout ce qui allonge le corps, y com­pris le vélo, me sem­ble étrange. Dans ce cas, la pro­tubérance est de taille, plus de cinq mètres, sept avec le porte-bagages. J’a­joute que l’ac­cès au site de camp­ing d’Ar­itzi­gain se fait par une pente de 19% où se baladent les ânes. Une fois instal­lé, je suis le plus heureux des hommes. J’or­gan­ise un “monde en rac­cour­ci”, prof­ite de la fin du soleil, boit de la bière sous l’au­vent de toile, écoute son­ner les cloches au vil­lage voisin de Sun­bil­la. La nuit, l’an­goisse me rat­trape. La camion­nette prend les com­man­des. Elle desserre le frein à main, s’élance en bas du talus et s’im­mo­bilise con­tre le restau­rant. Je l’in­ter­roge: “que fait-on là?”. Elle répond d’un geste. Je vois! En par­tie haute, le ter­rain est trans­for­mé en marécage. Je ne dis pas non, mais me récrie: “la prochaine fois, aver­tis!”. La camion­nette: “Impos­si­ble, je viens d’ap­pren­dre que Calaferte va te ren­dre vis­ite et il arrivera par là, en marchant sur les eaux.”.