Grave

Batailler tout le jour avec mon ordi­na­teur de vélo. Avant-hier, à Bur­gos, j’ai quit­té le camp­ing pour rouler dans la cam­pagne. Le cir­cuit de deux cent kilo­mètres que j’avais soigneuse­ment dess­iné ne chargeait pas. Je roule au hasard. La nuit, dans la camion­nette, je recom­mence mes ten­ta­tives. Et ce matin, à l’hô­tel, au-dessus de la plage de Rin­con, Gala encore au lit, je per­sévère, échoue, m’én­erve. En soirée, tou­jours rien. La mon­tre de course, l’or­di­na­teur de vélo, le télé­phone, côte à côte, inertes. Je dis cela, car c’est une par­tie de mon énerve­ment. Qui aug­mente lorsque s’in­stal­lent dans la cham­bre d’hô­tel voi­sine, des Nordigues drogués alcoolisés. Com­bi­ens sont-ils? Gala jette un œil par la bal­con. Filles ou garçons, jeunes, blonds, rasés. Des boucles dans le nez, dans les oreilles. Six, puis qua­tre. La porte claque. La fête est hys­térique. Les jeunes ren­versent les meubles, grimpent aux mur, poussent le vol­ume, rient et cri­ent. Je fais mon­ter le récep­tion­niste. Qui frappe à la porte de la cham­bre, met en garde, annonce qu’à minu­it, il fau­dra que le silence soit revenu. Sauf qu’il est vingt heures. Le bou­can con­tin­ue. Bande-son d’une folie asi­laire. Nous sor­tons manger chez l’Ar­gentin. Con­ver­sa­tion houleuse avec Gala. Habituelle, mais tout de même: agaçante. En plus des bières déjà avalées, nous éclu­sons une bouteille de vin. Retour à l’hô­tel, même chaos. Je tourne ne rond, serre les poings. Je sors et frappe un grand coup con­tre la porte de la cham­bre. Un coup qui ébran­le. Qui intimide. Un type sort. Puis une fille. For­mat camion­neur. Les deux se jet­tent sur moi. J’en­voie les coups. Fait tomber la fille, l’im­mo­bilise d’un coup de marteau au vis­age, m’oc­cupe du type. Repousse et frappe. Encaisse sur le nez, à la tempe, au ven­tre. Au bout de quelques sec­on­des, j’ai le dessus. Ils pren­nent peur, se bar­ri­ca­dent. La police inter­vient. Ma main est en sang, je lave. Je cache mes chaus­sures de chas­se, passe les mocassins, me recoiffe, m’as­soit sur le lit, ouvre à la Garde civile. Le flic con­state et me donne l’or­dre de ver­rouiller. Par­lemente avec les Nordiques. Cris, insultes, casse. La police les expulse.