Piedralma

Sur le ter­rain d’E­cho avec le van. Les roues du VW sont petites, la car­rosserie basse, je red­outais le chemin. L’an dernier, avec le paysan, je suis resté coincé dans la ravine; c’é­tait en décem­bre, la tra­ver­sée du pont se fai­sait à pied, l’eau mon­tait aux genoux. Aujour­d’hui, je passe sans encom­bres: les aller-venues d’Evola ont tassé les pier­res. Je le trou­ve dans sa car­a­vane qu’il isole de laine et cof­fre de pin. Je gare le VW sur la dalle qui ser­vait de piste de ten­nis, j’ac­tionne le toit ouvrant et fais mon lit (drap et taies couleur safran, duvet de plumes hon­grois). Je sors ma table et mes chais­es, rem­plis le frigidaire de bord de glaçons, y dis­pose mes bouteilles de bière. Puis j’aide Evola à pos­er une fenêtre guichet et com­mence à bêch­er l’emplacement de l’an­ci­enne serre. Vers six heures, nous arrê­tons le généra­teur. Le silence est alors si pro­fond que l’on entend l’en­vol des oiseaux. Le soir nous cuisons de la “chis­tor­ra” sur le feu, le ciel est voilé, gris, sans lune, un air chaud court à tra­vers les arbres.