Piedralma 2

Pedro est venu livr­er le bois, un mélange de hêtre et de chêne. Dès les pre­mières neiges, dit-il, les san­gliers vont se rap­procher. Il mon­tre le champ que j’ai com­mencé à bêch­er : “du temps de l’an­cien pro­prié­taire, ils venaient manger là. Ne vous éton­nez pas si ça tire dans le bois, je chas­se dans le coin.” Pedro par­ti, je me recouche. Quand je fais sur­face, il est près de midi. Evola à cas­er le stère de bois sous les vieilles bal­ançoires, il tra­vaille au chantier de la car­a­vane. Je cuis mon café, prend place sur un pli­ant au milieu de la dalle de ten­nis, mange des tartines de pain à l’huile et une tomate rose. Nous finis­sons de pos­er la fenêtre: vérins, glis­sière, quart-de ronds, mousse expan­sive, tout le vocab­u­laire appris à Gim­brède lorsque je réno­vais les Cornières, me revient. Plus tard, je me lave dans la riv­ière, vais explor­er la source dite Petite ama­zonie, verse de la bière dans une chope Car­di­nal, me mets à la lec­ture. La nuit tombe, je ne fais plus rien. J’at­tends. J’é­coute. Evola est descen­du à Puente chercher les lunettes de vue qu’il avaient mis­es en répa­ra­tion. Autour de vingt-deux heures, “chis­tor­ra” au feu sous un ciel gris et pom­melé. Plus tard, en pull, en veste (il fait cinq degrés de moins que la veille), nous com­parons la qual­ité du char­bon alle­mand (que j’ai ramené de Munich) et du char­bon chi­nois (acheté à Puente). Nuit de onze heures inter­rompue à l’aube, le temps d’un mas­sage, par un mal de ventre.