Vue aérienne de Cadix aux quartiers inondés de lumière. Dans mon rêve, je m’exclame: “magnifique, il n’y a personne! C’est là que je veux vivre!”. Par téléphone, je raconte la scène à Gala. Elle objecte: “cela te passera” et enchaîne une fois encore sur le parage que j’ai choisi, au pied des Pyrénées, nulle part, où l’on ne peut — selon elle — imaginer vivre plus de quinze jours par an.
Mois : octobre 2022
Techniques
“[]le premier mort est ce qui contamine chaque chose avec la sensation de la menace. Son importance est fondamentale pour l’éclatement de la guerre. Les tyrans qui veulent provoquer une guerre savent très bien qu’il leur est indispensable de se procurer ou inventer un mort.” Elias Canetti, Masse et puissance.
VW 4
Après deux heures de marche au départ du col du Portalet, beauté saisissante de l’Ibón d’Anayet. L’eau est couleur thé, la pierre verte, l’herbe lumineuse. Quatre cent mètres plus haut la montagne-triangle du même nom. Le pic est accessible, ce qui paraît invraisemblable lorsque l’on fixe la masse, mais l’ascension se fait par une sente creusée à même le roc (il y a deux ans, pris de vertige, j’ai renoncé). A la tombée de la nuit, nous installons le van près de la frontière française, entre deux monolithes qui doivent nous protéger du vent. Toute la nuit, la tempête nous drosse.
VW 2
Après avoir étudié les cartes, parlé avec les voisins et revu les itinéraires à vélo de l’automne dernier, je propose à Aplo une traversée des déserts entre Calatayud, Tudela et les Monegros. La veille du départ — il est encore à Zurich — il demande si nous irions faire du kayak. Plutôt qu’un billet d’avion pour Madrid, j’achète alors un vol pour Barcelone et en matinée nous prenons la route à bord du van pour le val d’Ager au Nord de la Catalogne. Le soir, au camping, sous la pluie, la première depusi trois mois, les locaux nous disent qu’il n’y a pas d’eau dans les canyons du Congost de Mont-Rebei. D’où un changement de cap: nous remontons les Pyrénées en direction de l’Aragon, passons au pied de Torreciudad, la forteresse de l’Opus dei, dînons à Barbastro, visitons Alquézar et finissons le périple du jour dans la région d’Ainsa à chercher le long des chemins qui surplombent la rivière Ara où garer le van pour la nuit. Mais la température tombe, les manœuvres sont difficiles, les berges molles ou cultivées (la veille dans le parking de l’aéroport, peu habitué à ce nouveau véhicule, j’ai froissé la carrosserie). En fin de compte, nous rabattons sur l’aire de stationnement des caravanes devant l’enceinte du château d’Ainsa. Pour cette seconde nuit, nous maîtrisons mieux la partie habitation: la bière est froide, le repas cuit sans enfumer le l’habitacle, nous préparons les lits sans hésiter — Aplo dort en bas, je dors au deuxième étage, sous le toit ouvrant. Le mercredi, retour à Agrabuey. Le jeudi nous partons pour le terrain où nous dressons la tente chinoise de vingt mètres carrés que j’ai achetée en prévision de mes futurs chantiers, n’osant pas — du moins pour l’instant- conduire le van à travers le champ, le bois et le pont immergés qui amènent à Piedralma.