De nuit pour entendre brâmer les cerfs. Les jeeps débarquent une dizaine de voisins. Nous sommes sur une falaise, au-dessus de la rivière. Les adultes imposent le silence, les enfants s’assoient au sol. Je lève les yeux, fixe longtemps le ciel: il est extraordinaire. Dans le noir j’entends chuchoter le nom des planètes et des galaxies. Comme je baisse les yeux, je vois mes amis qui les téléphones pointés vers la voûte déchiffrent leurs écrans. Un cri retentit, aigu puis grave et saccadé. Les chasseurs du groupe montrent où se trouvent les bêtes, devinent leurs âges. Les enfants tendent l’oreille. Plus tard un bruit de moteur annonce l’approche d’une voiture. Le maire enclenche les phares du convoi pour marquer notre position. Inigo: “les Espagnols ne peuvent pas s’empêcher d’aller partout en voiture!”. Les gens du village se mettent sur la côté, c’est une famille qui est allée plus loin, plus haut, près des ruines de Cistenas, une famille que personne ne connaît — on se salue. Le silence retombe, il fait le noir. Je recommence ma contemplation du ciel. Les cris des mâles retentissent. Lorsque nous allons partir, cinq cerfs détalent dans la lumière de nos feux.