Neuf heures de route pour rejoindre Gala à Hyères sur la Côte-d’Azur. La température a baissé de quelques degrés. Il fait plus de trente. La route de montagne qui traverse la vallée d’Aspe est en travaux, les caravanes allemandes et hollandaises gagnent les Pyrénées et l’Andalousie, un camion de foin puis un semi-remorque chargé de Mercedes m’obligent à rouler au pas. A midi, je dois appeler le notaire qui visera l’accord sur mon retrait de l’entreprise. L’heure tourne, je n’avance pas: il est midi, midi trente, je suis à Idron, à Ousses, à Soumoulou, la bande-son que j’ai préparée refuse de tourner sur la stéréo, un dernier titre de Folk sur le disque dur portable puis c’est l’enregistrement d’une émission de la RSR sur Retour à Aravaca 12–45 datant de 2010, impossible d’en sortir. Quant au téléphone, il est neuf (démoli le précédent la semaine passée en Valais comme je faisais une roulade de Krav Maga) donc sans contenu. Arrivé à Saint-Gaudens, j’achète un sandwich à l’oeuf, reprend la route, avant de s’engager sur l’autoroute me gare, appelle Gala, lui demande d’ouvrir ma messagerie, de vérifier la boîte de réception, elle n’y parvient pas. Je veux brancher ma wi-fi de bord hongroise, cela ne marche pas, je m’énerve, je mange, je calcule, je re-calcule et je crains le pire: il reste une demi-heure pour réclamer la suspension de l’assemblée générale de l’entreprise convoquée pour le lendemain à Neuchâtel au cas où je ne reçois pas de proposition de rachat de mes parts. Or, pour savoir si une telle proposition a été soumise, il me ouvrir la messagerie, il me faut du réseau. Je rappelle Gala, explique la procédure, transpire dans la voiture, m’énerve, renonce. Dans une station-service des alentours de Tarbes, je branche l’ordinateur, obtiens la lettre, appelle l’avocat de Genève, remballe, reprend la route. A vingt heures, vers Crau parmi des milliers d’automobilistes, puis dans le long embouteillage qui chaque soir à l’heure de pointe bloque le tunnel de la “traversée de Toulon”.