Dimanche

Ciel plom­bé sur la val­lée d’E­cho. Je roule à petite vitesse dans le défilé. A l’ap­proche de la Dodge les rapaces gag­nent les nuages. La pluie a gon­flé le cours du Véral, les cas­cades giclent sur la route. Pour manger, il me faut redescen­dre jusqu’à Berdún, à 21 kilo­mètres. Des Sud-améri­caines ser­vent aux chas­seurs du Fidegua, des côtes de porc-rata­touille, de la Cua­ja­da de chèvre au miel. En sens inverse, le même défilé amène à la fron­tière navar­raise. Sur le bord de la route, dix hommes culs nus qui vien­nent de descen­dre le “río” à canoë se rha­bil­lent. Pour regag­n­er Agrabuey j’emprunte trois cols manœu­vrant avec tact afin d’éviter les trous, les arbres , les vach­es errantes. Dans ma rue du Quartiers-des Champs, avec à la main l’habituel packs de six litres de Skol que je rap­a­trie du garage munic­i­pal, Frao­nia et Lluis dont le frère est mort d’une chute à trot­tinette mer­cre­di dans Saragosse, la tête cassée sur la margelle du trot­toir. Présen­té ses con­doléances dans une langue étrangère est dif­fi­cile — je fais comme si je ne savais pas, les embrasse et ren­tre pour con­stater que la France a voté.