Vélo

Sor­ti rouler une petite cen­taine de kilo­mètres autour d’U­ru­el pour tester le radar et les pro­lon­ga­tions de guidon, je suis arrêté par un homme qui boxe avec des haltères sur la route de San Juan. C’est un Cubain, pro­fesseur des cadets de La Havane. De loin, la scène a quelque chose d’ef­frayant. Le boxeur occupe le milieu de la route, frappe devant lui, recule, change de direc­tion, frappe encore. Par­venu à sa hau­teur, j’en­tends de la Sal­sa. Elle vient d’un haut-par­leur posé sur la selle de son VTT. A terre, un sac rem­pli d’élas­tiques de mus­cu­la­tion. Nous sym­pa­thisons. Il m’en­seigne des coups. Je lui par­le de corde à sauter, il con­seille des inter­valles. Mais j’ai encore 80 kilo­mètres de route et je me refroidis. Il m’as­sure que “nous nous rever­rons”, il reprend ses exer­ci­ces. Un heure plus tard, je suis au Monastère. Le lieu étant touris­tique (vingt vis­i­teurs par jour en péri­ode), je m’é­tonne de m’y trou­ver seul. J’avale un gel et glisse vers le lac de bar­rage. Près de Ala, une harde de san­gliers détale à tra­vers le labour. Com­men­cent alors le régime de collines qui mène à Latre. J’hésite à aller explor­er le vil­lage aban­don­né (Bataragua?) dont je par­le à mes amis depuis un an, il est sur la gauche, il n’at­tend que moi, mais on ne descend pas de selle lorsqu’on est lancé. Qua­tre heures plus tard, j’at­teins le vil­lage de Navoso. La lumière vire au som­bre. Je m’ar­rête pour boire, une bible flotte dans la fontaine.