De quels sujets omettons-nous de parler dans un journal? De ceux qui ont été désagréables? Au contraire, les confesser aide. De ceux qui gênent autrui ou les fâchent? Mais comment savoir? Comment faisait Gide? Ou Anaïs Nin? Qui exposaient l’un son homosexualité (qu’apprend sa cousine devenue sa femme Madeleine), l’autre son adultère et sa psychanalyse? Et Léautaud? Comment faisait-il? Il faisait. Et l’entourage se fâchait. Vouait le chroniqueur du Mercure aux gémonies. Lequel renchérissait. Autre cas de légende, Jules Renard. Il est drôle, mais féroce et sans pitié. Il dîne avec un confrère, retour en chambre il le pourfend. Vrai que parvenu à un certain point, la solution est de dire sans ambages. Cependant, je me méfie. Peut-être devrais-je ajouter “encore”, preuve que je ne suis pas vieux tout à fait. Qu’un tel, pour ce Journal si peu couru des lecteurs m’ait menacé de prendre avocat, je m’en balance, il s’agissait d’un homme à qui je vouais une amitié circonstancielle; c’était d’ailleurs plus une afféterie de sa part qu’un agacement provoqué par une révélation. Là où le bât blesse c’est lorsqu’il s’agit de rapporter des situations vécues dont d’autres, pour notre bien, pour le leur, doivent tout ignorer, mais aussi, la complication venant avec le temps, on finit alors par taire l’essentiel de ce qui fait la vie étant entendu que les moments importants font le plus souvent nœud.