Visite à l’architecte des terres agricoles des Vallées occidentales. L’homme a le physique trapu des paysans de montagne, il porte une moustache affinée. Son bureau donne sur l’église de Fecho, une cigogne a son nid contre le clocher. ‑Le pont sur la rivière est cassé, lui dis-je. “Oh, ça oui, il est cassé”. ‑Depuis peu, me dit-on. “Oh, ça oui, deux ou trois ans”. ‑Tout de même! Vous pensez le réparer? “Le réparer? Non. Il n’y a pas l’argent. Mais si vous obtenez l’accord du garde forestier, vous pouvez le réparer”. ‑Sinon je ne peux pas traverser, pas rejoindre le terrain. “Oh, ça non!”. L’architecte tourne le plan, hoche la tête, me sourit: “c’est une belle terre ! Mais froide. Je me souviens, l’année dernière la route était coupée, je suis souvent passé par là, c’est l’endroit le plus froid de la vallée. Et puis il y a le ‘multisport’ ”. ‑Cette sorte de chape? “Oui, un terrain de basket ou de tennis, quelque chose comme ça. Interdit à moins de cent mètres de la rivière”. ‑Il est à côté “Oh, ça oui, à côté, juste à côté”. Décidément l’homme est sympathique; je demande: ‑quel conseil me donneriez-vous? “Eh bien, allez voir le garde, parlez-lui! Le mieux est de le rencontrer. Ne lui téléphonez pas, allez le voir! Et pour les risques d’inondation, il y a le maître des eaux. Celui-là, vous pouvez l’appeler, c’est un gars de la ville, il a l’habitude du téléphone.