Sapin

L’heure de vol­er le sapin: je prends la hache, je passe mes gants de peau, Luv s’ha­bille, j’ou­blie la torche, il va faire nuit, il fait nuit. Dans la rue, c’est l’apéri­tif. Le paysan me salue, sa femme remar­que la hache. Je dis: “nous allons acheter un sapin dans la forêt”. Ce n’est pas aus­si sim­ple. La pente est raide, enneigée, caill­ou­teuse, et puis elle ruis­selle, et puis Luv est en Bas­kets. Le sen­tier que je prévoy­ais de mon­ter, il faut y renon­cer. Demi-tour et direc­tion du manoir de l’E­cos­sais (un pro­prié­taire qui n’est pas venu au vil­lage depuis 6 ans). De là, nous grim­pons. J’é­carte un mou­ton per­du, indique une direc­tion, des sil­hou­ettes. Ce sont des sap­ins mais ils sont étranges, ils relèvent d’autres espèces. C’est une sci­ence ce truc. Car j’ai bien sûr l’im­age du sapin de super­marché conique et vert. Il n’y a pas. Nous chemi­nons, nous quê­tons. Je pro­pose un arbre. Luv aime bien. Un autre, elle aime aus­si. Mon sen­ti­ment est qu’elle a envie de ren­tr­er. Je sors ma hache, je hache. Plus résis­tant que prévu cet arbre de Noël.