Budapest 3

Ambiance vieil­lotte façon film de guerre en noir et blanc. Les citadins de notre Occi­dent lumineux oublient à quel point ce flot de lumière com­mer­cial était parci­monieux il y a encore quelques décen­nies. Aus­sitôt quit­té l’abord des points de traf­ic et de vente, les quartiers rési­den­tiels com­mu­niquent un sen­ti­ment d’in­tim­ité, de quant-à-soi et de tor­peur. Sous les façades ombreuses, des échoppes minus­cules tenues par des hommes des femmes en man­teau, en bon­net. Plus loin une boulan­gerie. L’é­ta­lage des pains est éclairé par une seul ampoule. Dans les demi sous-sols toutes formes d’ac­tiv­ités, gym­nase, pédi­cure, notaires vis­i­bles pour le pas­sant à tra­vers des impostes. Des libraires d’oc­ca­sion aus­si. Longtemps que je n’en voy­ais pas. Cha­cun sait qu’il faut chez nous se munir d’une adresse voire pren­dre ren­dez-vous pour avoir accès aux vieux livres. Or ici, les gens lisent. Chaque fois qu’il aperçoit une librairie, Mon­père entre. “Avez-vous des livres en français?”. Hélas, ce temps-là sem­ble révolu. La langue des Mag­yars s’est refer­mée sur son peu­ple: l’ap­pren­tis­sage des langues de cul­ture, comme ailleurs dans le monde, a dis­paru avec la généra­tion née au début du siècle.