Silence

Automne sur les chemins de colline, mou­tons, vach­es, vaste silence. Chaque jour je décou­vre avec un enchante­ment renou­velé cet esprit du désert. Pen­dant des heures, je roule sans crois­er un homme. A la descente je ralen­tis, craig­nant de faire une mau­vaise chute: selon les par­ages, on ne me retrou­verait pas avant un ou deux jours. Le ven­dre­di vers le soir la con­trée s’anime. Les gens de la ville débar­quent. Ils éteignent les moteurs, se réfugient dans leurs rési­dences sec­ondaires, les enfants sor­tent jouer sur la place. Le week-end est fes­tif, des fumées de braseros mon­tent des jardins, le bar du vil­lage sort sa ter­rasse. Dimanche, je rejoins le paysan dans notre rue — nous dis­ons:  “ils sont repar­tis, c’est bien comme ça”.