Espagne

Agréable prom­e­nade à Puente après avoir vu l’av­o­cat. Bu un café sur un ter­rasse, ce que je n’avais pas fait depuis un an. La patronne du Grand Opéra était pleine de sol­lic­i­ta­tions. Elle a coulé mon café comme si l’opéra­tion était sacrée. Un moment au bar, j’ai ensuite changé d’avis, je suis allé m’in­staller sur la ter­rasse. Le bal­ayeur munic­i­pal tirait sur un cig­a­re; Quicke, le vendeur de jour­naux, défai­sait des liasses du Diario de Aragón; le cuisinier du Benasque bavar­dait avec ses serveurs. Le soleil est venu. J’ai fixé les dalles de mar­bre de la rue pié­tonne: jamais je ne les avais vues aus­si liss­es. Il fai­sait bon vivre. Surtout que les gens, ici, dans l’Es­pagne mon­tag­neuse, ne courent pas, ils marchent. Donc cha­cun allait à son rythme, cha­cun vaquait à son occu­pa­tion, cette petite ville offrait un tableau envi­able. Par con­traste, j’ai pen­sé à ces Chi­nois du Gran Bazar. Alors que j’a­chetais une paire de lacets et de la colle rapi­de, ils s’ag­i­taient au milieu des ray­on­nages, tâtant des pro­duits, cri­ant des ordres, véri­fi­ant des listes de prix. Vis­i­ble­ment une descente des chefs de Madrid venus inspecter le cou­ple qui tient le Bazar. L’at­ti­tude, le ton autant que la langue ont fait que j’ai fui sans réclamer ma monnaie.