Sur place

Pas grand-chose sur ce que j’ai vu dans nos rues et d’abord la mienne, observée du fond de la turne, à l’ar­rière du mag­a­sin, puisque j’ai pour principe de paraître le moins pos­si­ble. Côté spec­ta­cle donc, un sché­ma d’ex­po­si­tion des espèces sous bocal. Pro­pa­gan­des sonore, visuelle, neu­rologique. Et vitesse. M’a surtout frap­pé la vitesse. Les esclaves économiques tour­ment comme des hélices. Nota­bles, notaires, avo­cats, den­tistes je com­prends, ils ont en com­pen­sa­tion des Porsche, des vil­las ros­es cochon, une ton­deuse IA, des avenirs pour enfants, mais les autres, les demi-por­tions, les Français sur chantiers, les Bosni­aques piz­zaio­lo, les livreurs turcs? Ils courent et suent, ils tou­ssent, ils font révérence. Et livrent et s’en vont. S’en revi­en­nent et livrent puis mâchent des piz­zas et som­meil­lent dans des sacs de couchage. Nul doute: ils ont acquis un télé­phone portable en or, ils finiront par acheter une petite Porsche. La société qui s’in­stalle ces jours au pays des Suiss­es: vaut son pesant de merde.