Au village, étrange proximité avec l’extérieur. La rue qui est là, derrière ma chambre, mon lit, le mur fait chaque jour un peu plus partie de moi. Je reconnais les bruits, le souffle, l’odeur. Je connais les hirondelles, le grillon, la guêpe maçonne. Ce dimanche, jetant un œil sur la rue comme le paysan passait, je lui dis: “je vais la nettoyer”. C’était dit. En soirée, avec une truelle, une brosse et une ramassoire, je me suis mis au travail. J’ai tranché à la racine les mauvaises herbes qui poussent dans les fissures du trottoir, ramassé les feuilles qui depuis l’automne croupissent dans un coin, soulevé une vieille crotte. Le lendemain, je trouve le paysan et sa femme qui considèrent le résultat de haut (la rue est en pente): ” Bien, très bien, tu as vu comme il a fait ça? C’est vraiment bien!”.