Pour les constructions théoriques d’Hannah Arendt, écrivain que j’apprécie pour sa biographie mais aussi, mais encore — c’est le sujet — pour son Origines du Totalitarisme, je n’ai aucune sympathie lorsqu’elle prétend racheter un fonctionnaire nazifiant qui administre le régime de la terreur sous ordres (Procès Eichmann). Ici, je suis Sartrien, et radicalement. La remarque, un poncif, peut sembler anachronique ou inutile. Elle est de la plus grande actualité. La situation décrite par la philosophe juive est de recours face aux inféodations individuelles des personnes en poste dans nos gouvernements. Nos élus (pour moi, je n’ai jamais voté — anarchie) qui entendent ces jours des sirènes ont la même constance que nos anciennes girouettes de métal blanc. Ils “participent”. Changent de position. En fonction? Des vents. Il va de soi, fort maîtrisés. Organisés? Est-ce le devoir d’un élu qui accepte de représenter la population que de participer, de changer, de dire tout et son contraire? Il a un devoir. Décider. Auparavant proposer, surtout lorsque le sujet est confus et apeurant — il l’est. Dans un avenir proche, comme le justifie Hannah Arendt dans Le procès Eichmann, excuserons-nous des individus qui par respect d’une hiérarchie symbolique, internationale, auto-promue (elle est tout sauf militaire ces jours, cela se verrait) ont sacrifié notre liberté, la civilisation, bref la vie? En la circonstance, Sartre est plus consistant, cela malgré l’habituel romantisme d’apparat: “libre” dit par exemple le romancier dans Le Mur, “on l’est aussi longtemps que l’on pense et agit en conscience”.