E70

Comme en octo­bre, lorsque je voy­ageais en flixbus, la douane croa­to-slovène de Drag­on­ja est tenue par deux policiers. L’un som­nole, l’autre vise nos papiers. Un vent léger fait pencher les roseaux du canal. Au-dessus du poste tour­nent des goé­lands. Je redé­marre. Seul bruit à la ronde, le moteur. A Kop­er, tra­ver­sée du port. Entre parcs de con­teneurs et ter­rains vagues, nous emprun­tons de vastes gira­toires au allures de soucoupes volantes. J’en­gage la Dodge sur l’au­toroute de Tri­este. Très vite, je fais à Gala: “il se passe quelque chose de pas nor­mal”. Cinquante, cent kilo­mètres, nous sommes seuls. La radio ne dit rien. Le long de la qua­tre pistes pour Venise, des camions en épis, mais pas de voiture. Plus tard, nous faisons halte sur une aire. Le restoroute est ouvert. Une vendeuse y tra­vaille. Une seule. En vit­rine, sous la paroi de plex­i­glass anti-virus, six sand­wich posés à dis­tance les uns des autres. Nous regagnons le park­ing un expres­so à la main. Une voiture de patrouille tourne autour de la Dodge. Elle s’en va. La suite du voy­age se fait à 150 km/h. Du côté de Milan, quelques voitures. Elles dou­blent à 180 km/h. L’am­biance ne change qu’après Sim­plon-Dorf, sur la descente de Brig. Là, dans une sta­tion-ser­vice où j’achète de la Car­di­nal, on nous explique que depuis la veille les Ital­iens des régions Nord n’ont plus le droit d’u­tilis­er leurs voitures.