Occupé à des choses qui ne sont pas essentielles, écrire ce roman picaresque intitulé La table, nettoyer dans la maison les parquets, le poêle, la cuisine, cheminer le long de la rivière dans la neige pour tirer mes tomahawks (depuis que l’on nous emmerde pour tout — ici dans la vallée, la Garde civile veille — je jette mes haches avec moins d’aise qu’à l’ordinaire) ou encore allonger cent-trente pompes et écouter les leçons inaugurales du Collège de France, choses inessentielles qui ne furent jamais essentielles, parce que cette question ne se pose pas, jamais ne s’est posée, il apparaît clairement que nous tous, moi, faisons notre maximum pour amener à l’équilibre la vie dont nous avons la charge, appareiller le corps et l’esprit, les conjuguer l’un avec l’autre, dans la durée, bref créer ce que l’on nomme une longévité. Que d’aucuns, complexés, malveillants, faux chefs, peut-être méchants, montés sur quelques strapontins, se permettent de catégoriser nos existences en séparant l’essentiel de l’inessentiel ne doit rien nous imposer de plus que notre recherche.