Assez! (5)

Occupé à des choses qui ne sont pas essen­tielles, écrire ce roman picaresque inti­t­ulé La table, net­toy­er dans la mai­son les par­quets, le poêle, la cui­sine, chem­iner le long de la riv­ière dans la neige pour tir­er mes tom­a­hawks (depuis que l’on nous emmerde pour tout — ici dans la val­lée, la Garde civile veille — je jette mes haches avec moins d’aise qu’à l’or­di­naire) ou encore allonger cent-trente pom­pes et écouter les leçons inau­gu­rales du Col­lège de France, choses inessen­tielles qui ne furent jamais essen­tielles, parce que cette ques­tion ne se pose pas, jamais ne s’est posée, il appa­raît claire­ment que nous tous, moi, faisons notre max­i­mum pour amen­er à l’équili­bre la vie dont nous avons la charge, appareiller le corps et l’e­sprit, les con­juguer l’un avec l’autre, dans la durée, bref créer ce que l’on nomme une longévité. Que d’au­cuns, com­plexés, malveil­lants, faux chefs, peut-être méchants, mon­tés sur quelques strapon­tins, se per­me­t­tent de caté­goris­er nos exis­tences en séparant l’essen­tiel de l’i­nessen­tiel ne doit rien nous impos­er de plus que notre recherche.