Agrabuey

Depuis hier, nous ne sommes plus que trois dans le quarti­er. Le paysan, sa femme, moi. Pour aver­tir de son pas­sage, le paysan frappe le bâton sur le pavé. Je sur­gis. Ou alors je sors sur mon seuil et guette la porte de sa mai­son. Ce matin, c’est à dire selon mon régime à midi, je racle ma gorge pour sig­naler que je suis tou­jours vivant. Le paysan porte un bon­net de laine, un pull-over, une veste. Il descend de l’église (con­damnée et fer­mée, mais qu’il entre­tient): “J’ai chaud”. ‑Mais oui, regarde-moi, je suis en T‑shirt! Après quoi il me par­le d’hu­mid­ité. Un moment pour com­pren­dre, D’ailleurs, je n’ai tou­jours pas com­pris… “Les pier­res, me dit-il, elle sont noires d’hu­mid­ité! Quoi? Le brouil­lard? Non, non, c’est dans l’air…”. Et ce soir, car nous nous efforçons de véri­fi­er deux fois le jour que tout va bien: “Et ça ne sèche pas! Le bout de la rue, vers l’église, il est mouil­lé. le soleil n’a rien fait. Bon, allez, à demain!”.