Comment font-ils? Ignorent-ils délibérément le changement? S’agit-il d’une fuite intérieure? D’une démission? D’une forme de négation, non seulement de la liberté, mais du corps, de l’esprit. Ou d’une négation plus fondamentale, la négation de la vie? Oui, comment font les gens d’hier, qui se comportent ces jours sans rien modifier à leur quotidien? A constater le durcissement des pouvoirs, je me réjouis d’être parti à vélo. De vagabonder. Bientôt, cela ne sera plus permis. Et pour longtemps. Je compte en générations. Le verrouillage délirant des espaces vitaux progresse. Allez savoir si le Programme ne va plus vite que l’avaient prévu ses concepteurs? Pour un temps, le flot de mensonges qu’assènent à l’unisson les gouvernements trahit encore l’inquiétude: les imbéciles que nous sommes vont peut-être comprendre qu’ils ont affaire à un expérience d’ingénierie sociale et poser un refus. A moins que l’arrogance ne l’emporte et que les mandants de cette prise de pouvoir sur les consciences aient une foi totale dans leurs instruments de captation de la volonté. Quoiqu’il en soit, il en est fini du vieux monde hérité des générations vaillantes. Nous sommes dans la merde, et pour longtemps, pris en étau entre une administration omniprésente et des essaims d’énergumènes prélevés sur les stocks du tiers-monde. Dans cette équation, je ne vois qu’une inconnue susceptible de profiter aux défenseurs de l’individu : l’argent. Il manque. Il va manquer. Dans des sociétés — les nôtres — où plus des deux tiers des citoyens sont occupés à dépenser le gains produit par le dernier tiers, le point de chavirement n’est jamais loin. Alors quoi? Rien de neuf sous le ciel: une guerre pour les ressources. Voiture, maison, quartier, nourriture, femmes… vieille histoire. Une chose est sûre: il faut quitter les villes. Où les énergumènes se chargeront, pour le meilleur profit des gouvernements retranchés (ils le sont déjà, ces ennemis), de faire régner la loi maffieuse et piller les énergies dernières des autochtones.