En fin de journée, avec deux familles qui ont leur résidence secondaire au village, promenade sur les crêtes puis descente à travers les sous-bois. Les adultes vont devant, les enfants suivent — ils ont tous les âges, six ans la plus petite, jeune homme le plus grand — et au long de cette aimable après-midi je m’étonne de la gentillesse de ces personnes, conversant, chantonnant, s’inquiétant les unes pour les autres. Est-ce que cela va toujours aussi bien ou sont-ce l’été, les vacances, l’odeur de la forêt, de la montagne, le crépuscule? Ces gosses sont parfaitement adaptés à la société: bonne école, parents aisés et présents, tendresse des mères… Trois heures de marche, pas une plainte. Chemin de retour, comme nous remontons la vallée qui mène à Agrabuey, un chien en travers de la route. La mère prend peur. Elle recule. Le chien avance, agressif. Elle panique. Je vais au devant mon bâton à la main. Le père appelle l’un de ses fils, celui qui porte son bâton.
-Non papa, je ne te le donne pas, tu ne vas tout de même pas frapper ce pauvre chien!