Marche 2

En fin de journée, avec deux familles qui ont leur rési­dence sec­ondaire au vil­lage, prom­e­nade sur les crêtes puis descente à tra­vers les sous-bois. Les adultes vont devant, les enfants suiv­ent — ils ont tous les âges, six ans la plus petite, jeune homme le plus grand — et au long de cette aimable après-midi je m’é­tonne de la gen­til­lesse de ces per­son­nes, con­ver­sant, chan­ton­nant, s’in­quié­tant les unes pour les autres. Est-ce que cela va tou­jours aus­si bien ou sont-ce l’été, les vacances, l’odeur de la forêt, de la mon­tagne, le cré­pus­cule? Ces goss­es sont par­faite­ment adap­tés à la société: bonne école, par­ents aisés et présents, ten­dresse des mères… Trois heures de marche, pas une plainte. Chemin de retour, comme nous remon­tons la val­lée qui mène à Agrabuey, un chien en tra­vers de la route. La mère prend peur. Elle recule. Le chien avance, agres­sif. Elle panique. Je vais au devant mon bâton à la main. Le père appelle l’un de ses fils, celui qui porte son bâton.
-Non papa, je ne te le donne pas, tu ne vas tout de même pas frap­per ce pau­vre chien!