Midi, dès Alixan la bourrasque oblige à tenir le volant des deux mains. Les arbres tirent la langue, les flancs des semi-remorques se creusent. Par endroits, un nuage cède. Je balaie le pare-brise, pousse la musique. A Balaruc-le-Vieux, j’allume le téléviseur de l’hôtel: villes sous les eaux, routes crevassées — habitule dans cette région de Montpellier-Nîmes-Sète. Au supermarché, une halle d’un kilomètre, des Français plus enjoués, moins défaits que nos Suisses, de la nourriture à profusion autour de laquelle les gens parlent. Il n’est que dix-sept heures. Que faire ensuite? Du moins ai-je bien fait de réserver une chambre de meilleur standing: j’ai une fenêtre. Rideau tiré, je confectionne un sandwich au pâté, avale les bières chaudes sorties de mon coffre. Les heures passent. Sur les galeries qui donnent accès aux chambres, pas de nouveaux voyageurs. Dans le parking, ma voiture est la seule à plaques étrangères. Il y a vingt ans, l’été, nous logions au même étage avec Olofso et les enfants, en route pour Gimbrède à bord d’une voiture brinquebalante. Aujourd’hui, elle se serait envolée.