Sans objet, la prière sera meilleure. Née de la bonté, patiente, elle tend à la bonté. Elle crée devant l’homme priant un vide que remplit le monde, mais un monde non encore organisé, un monde selon les valeurs, un monde habitable. L’esprit est aujourd’hui la nouvelle inconnue: on l’affirme comme un bien, une composante, une partie de soi — rien n’est moins sûr. S’il est là, c’est que le terme pour le dire existe et que nous aimons à croire que nous demeurons ce que nous étions, nous demeurons ce que nos pères étaient. Quelque part — afin de ne pas dire d’emblée “dans la tête” — gît une possibilité d’esprit, c’est à dire la possibilité de penser un monde, la possibilité de se représenter vivant donc la possibilité humaine de concevoir sous le régime des valeurs un rapport entre soi et le monde. Le contraire géométrique de ce cerveau qui aujourd’hui moud le corps et le cœur et se tourne vers la société pour se réduire à un appendice fonctionnant sur le régime électrifié de la réception-émission.