Au village fantôme, dans la rue demi-chaude, ce soir pluvieuse. Le chien Cierzo gémit, il me tend la patte quand je sors sur la marche de maison pour boire avec mon voisin lui-même assis sur sa marche. Longtemps seuls dans le jour qui tombe, les sapins dressés comme de courtes et vertes flèches sur les pentes de montagnes, puis dans le noir, seuls toujours, à parler de tout et de rien, argent, rock, esclavage, photographie, partageant du tabac, des idées, une attente, autant d’incertitudes qui se diffusent dans nos corps travaillés d’une saine confiance car nous sommes ici dans notre rue, ensemble, caractères incommensurables que le hasard a enté sur cette campagne, voisins, allumant nos maisons le matin, les éteignant la nuit, contents de vivre dans les coulisses du décor, partageant un monde bâti en pierres.