Belle journée immobile. Mon plaisir à dormir avant de rejoindre le jour augmente. La veille, j’aide la traversée en l’arrosant de bière et de vin. Lorsqu’il est temps de s’aliter, j’avale de plus une capsule d’Omeprazol dont Gala me vante les mérites depuis dix-huit ans. Quand je me réveille enfin, la lumière inonde. Je mets le café, en bois six tasses et compile les informations du pouvoir, journaux de Genève, Paris, Paris, Fribourg, Madrid, Moscou, Rome, Mexico et Bangkok. Ces jours, j’ai ajouté à mon parcours matutinal (vers onze heures) Le petit journal de Birmanie, feuille des expatriés francophones de Rangoun. Puis je rase mes rouflaquettes. Elles sont ridicules: j’en ai conscience, je les soigne. Il faut dire que je m’attarde en salle d’eau : depuis que j’ai fini d’écrire Naypyidaw, la motivation a baissé, j’hésite quant à la distribution de ma journée. Ce dimanche, j’étudie les stratégies d’anonymisation sur navigateur, j’apprends à utiliser un logiciel de montage vidéo pour débutants, je mets au propre les premiers chapitres — dérisoires et voulus tels — de mon “agenda naïf”, c’est son sous-titre, le livre est intitulé Vers Mont, une compilation des instants ici additionnés, dans notre bled montagne, qui me fatigue et me fatigue, et me fatigue. Mais les enfants ont à appeler. Le rendez-vous est convenu — sur Skype. Or, nous avons à régler, entre père et fils et fille, parce que leur mère Olofso a semé, depuis le début de l’enzonage, la gabegie, des problèmes de responsablilité, de morale, d’argent, bref, du pénible, du nébuleux, de l’adulte. Ce que je déteste. Et m’ennuie. M’emmerde. Temps perdu. Même quand on rien à faire, inutile. Dans l’attente, je sors, vais au sanatorium. Sur le terrain de jeu, personne. Les Arabes sont en chambre. C’est qu’il pleut. Plus vite que d’ordinaire, j’aligne les exercices, squats, pompes, burpees, clinch, et bla et bla. De retour, trempé comme une soupe, je n’ai qu’un souci: “mais enfin quand pourrons-nous décrocher de ce rocher?” Et se rejoindre. Non, je ne trépigne pas, mais je m’inquiète: ne me faite pas croire que ce virus est sanitaire. Sanitaire il était, politique il devient. Il inocule l’impuissance.