Nendaz

Enneigé, sus­pendu con­tre la val­lée du Rhône, le faux chalet ferme l’im­passe. La porte est sculp­tée “les Chamois”. L’ac­cès se fait par le carnotzet, les couloirs de tirs sont à côté. Il est tôt, il fait froid, les stores sont bais­sés. Hol­sters, cein­tures de charges, mag­a­sins, balles, nous pré­parons le matériel. L’in­struc­teur donne la théorie:
-Arrivez!
Midi moins trois, nous man­geons en veste, lard fumé, gen­darmes, café, cerve­las, puis par­tons en file indi­enne, claudi­quant, avec les armes, à flanc de mon­tagne, jusqu’aux cibles, trois cent mètres d’un sen­tier enfoui sous la neige. Sur place, la pre­mière mis­sion est de tass­er la poudreuse ; les autres ajus­tent les car­tons sur les cibles (A6 sur A4, corps et tête). Comme nous muni­tion­nons, j’en­taille le bout de mon doigt. Ce qui prou­ve que je ne sais plus muni­tion­ner, ai oublié mes rou­tines; de fait, au début des exer­ci­ces, je fais pâle fig­ure, touchant loin du coeur, arrachant las détente, forçant mon ren­gainage (plus tard — trois heures ont passé — je me rattrape).