Limites

Un ani­mal supérieur, minus­cule, con­scient, encagé. Il n’a pas con­stru­it sa cage, il s’ag­it d’une con­di­tion ini­tiale. Il pro­gresse. Con­stam­ment, améliore ses pos­si­bil­ités. De survie, de vie, de con­fort, de plaisir. Une fois la col­lec­tiv­ité établie dans le plus sat­is­faisant des modus viven­di, le pro­grès, selon la loi naturelle de l’en­tropie, ralen­tit. Quelques mem­bres de l’e­spèce, les plus auda­cieux, lèvent alors les yeux sur la cage, mesurent son haut, son bas, sa géométrie et ses bar­reaux, pèsent et soupèsent le prob­lème. Et per­suadent les mem­bres le plus pas­sifs, les mieux sat­is­faits que, toutes réelles que soient ces lim­ites, elles peu­vent ou plutôt doivent être tran­scendées au motif que la nature ne dit pas le vrai: toute cage est un arbi­traire. Dès lors, l’ef­fort du groupe est réori­en­té: il tend à nier la con­di­tion ini­tiale. Ce qui demeure de la col­lec­tiv­ité après épuise­ment de l’ef­fort? Un vaste ensem­ble de cages vides.