Réflexes

Le corps proche de l’hor­loge biologique, je me lève d’habi­tude spon­tané­ment quelques min­utes avant l’oblig­a­tion du réveil, mais dans ce cas, veille de départ pour l’aéro­port de Mála­ga, je rêvais comme sou­vent d’un des squats de ma vie antérieure, instal­lé sur un banc avec mon amie Rika, dans la salle des pas per­dus de l’u­ni­ver­sité Bas­tions, à Genève, et nous par­tions soudain pour la cham­bre, ma cham­bre, où, naturelle­ment, je l’in­vi­tais à pass­er la nuit, trou­vant le rez de la vil­la noyé sous un mètre d’eau glauque; pro­tégeant Rika, je mar­chais dans le cloaque pour attein­dre un escalier mou qui don­nait sur l’é­tage pre­mier et mon apparte­ment. De la dernière marche, je con­statai que l’escalier était détaché de la paroi. Téméraire, je saute. Me voici dans le salon.
-Merde! Ils ont détru­it tout mon intérieur!
Rika, en bas:
-Est-ce que ça va?
Je ne peux lui répon­dre car il y a, dans le canapé, vautré, agres­sif, A., mon voisin, un pouilleux à cato­gan. Qui se dresse:
-Passe les clefs, c’est à moi main­tenant cette turne!
Il artic­ule deux can­i­fs, façon Shaolin, veut me tranch­er la gorge.
Effrayé, je recule. Recule encore. Et cal­cule mon coup. Aux par­ties, à l’estom­ac? Si je rate mon but, j’au­rai le cou tranché.
Je tape.
Gala encaisse le coup.
Je m’ex­cuse. Elle frotte sa jambe endo­lo­rie.
C’est l’heure. Nous par­tons pour l’aéro­port de Malaga.