Envol

Aéro­port de Mála­ga. Gala part à bord d’un microbus de l’as­sis­tance, entre un anglais à canne et une jeune espag­nole. Tou­jours dans ses ver­tiges, sans l’appui de mon bras, elle craint de ne pou­voir attein­dre la porte d’embarquement, située il est vrai à plus d’un kilo­mètre. Pour moi, je regagne la gare fer­rovi­aire en métro, mets en con­signe ma valise et fais le tour de la ville. Quoique j’aille sou­vent à Mála­ga, il est rare que j’en par­coure les rues cen­trales, de sorte que ces trois heures d’errement pren­nent la forme d’un péleri­nage sur les lieux fréquen­tés ces dix dernières années et aupar­a­vant. L’hôtel Ataraza­ñas en face des halles du même nom, si bruyant que l’on y ferme pas l’œil; le bar Lem­my, dans une rue borgne où nous avons enfin pu nous saouler, B. et moi, en 1997, de retour d’un voy­age au Maroc; les avenues qu’emprunte le marathon, où, fix­ant tel ou tel point, me revient en mémoire mon état de fatigue à ce stade de la course; et enfin, plus désolant, la librairie sur deux étages qui ouvrait sur les ram­blas (seule à pos­séder en ville un ray­on « philoso­phie »), désor­mais rem­placée par un Burg­er King. Mais encore ce phénomène neuf, du moins quant à son principe de général­i­sa­tion: des groupes de vis­i­teurs de toutes les nations de la planète guidés par un por­teur de fan­ion qui pérore et ges­tic­ule pour mon­tr­er Mála­ga (ville dont il con­vient de dire, toute agréable qu’elle soit, qu’elle ne présente aucun intérêt artistique).