Le problème du territoire. De la terre. Je ne dis pas fertile ou simplement arable, mais désurbanisée et déréglementée, libre de principes, lesquels devront être revisités à la mesure de l’homme afin que la destination nouvelle, non aliénée de la terre, advienne. Qui peut encore prétendre à cela? Et donc, quel statut a aujourd’hui l’homme? Nulle idéologie dans ce propos, rien que du bon sens: certes, dans la grande disjonction numérique toute idéologie est tolérée, le dire a libre voie comme composant du “bruit”, du moins aussi longtemps qu’il ne fait pas réclame d’un projet de modification du régime d’occupation de la terre, pour simplifier: du temps et de l’espace — et ce, même localement, par dépassement par exemple d’une clôture cadastrée ou d’une place de stationnement lignée. Néo-bourgeois que je suis (comme tant d’autres, et dans ma société gavée, mieux veut dire “tous”), je défends comme je défendais dans les années 1990 la libre reconversion de la portion de territoire que chacun est capable d’occuper à la force de son génie civil et symbolique. Mais ce que l’on voit aujourd’hui dans l’Europe débile fait pitié: des actes d’occupation provisoires de ruines urbaines ou de friches industrielles ou de forêts glauques dont chacun sait qu’elles sont laissées aux occupants le temps que le pouvoir en fasse, par des discours calibrés pour la masse, des délinquants. Or, ce ne sont pas eux les ennemis, mais bien les fortunes qui accaparent et fiscalisent, donc volent. Mais surtout, façonnent les comportements en vertu de l’accaparement. Aussi: “haro sur les ennemis véritables de la propriété!” Où il faut entendre (je suis anti-communiste): “haro sur les propriétaires qui font usure de la terre de l’humanité générale!”. Nous sommes aux prises avec un territoire que s’est arrogé une minorité violente qui administre, dit-elle, la démocratie. Sa bêtise, exprimée dans un matérialisme maniaque, nous conditionne contre l’intériorité, contre l’imagination, contre le plaisir, contre nous-mêmes.