Aujourd’hui sort enfin en librairie TM. Voilà deux ans que le manuscrit attendait chez In Folio. J’ai écrit ce récit sur la Suisse, la vie et le travail à Rincon de la Victoria, en quelques jours, puisant dans mes dernières forces, après avoir planché plus de deux ans sur Stabulations, l’essai et, en parallèle, pour me décontracter (ce dernier texte écrit sur la plage où j’allais chaque matin occupé une table de pique-nique) Notr Pays (dont je savais que personne ne voudrait, le thème de ce roman étant la liquidation de la société helvétique). Mais ce n’est pas ce que je veux noter. A l’automne 2017, au salon de Morges Le livre sur les quais, j’ai sur moi ces manuscrits. Je propose TM à l’éditeur genevois d’Autre Part, Pascal Rebetez, un ami. Réponse : “il est exclu que je publie ce texte”. Cela, sans autre justification. Que je réclame . “Tes positions politiques!”, me dit-il. Je crois à une plaisanterie. D’autant que cet homme et moi nous connaissons, nous fréquentons. “Mais enfin, fais-je valoir, il n’y a pas la moindre allusion politique dans ce récit!”. Ce que l’éditeur m’accorde, ajoutant qu’il le trouve excellent. J’insiste pour en savoir plus. Il m’explique alors que s’il publiait TM, un texte écrit par l’auteur du Journal d’Inconsistance, il risquerait de perdre ses subventions, donc de mettre en péril son travail de publication, un risque qu’il ne saurait prendre. Force est d’admettre que cet homme a le courage de la lâcheté! Et qu’incrimine-t-il dans mon Journal? Par exemple l’usage du mot “métèque” (ironie de la situation, dans la note qu’il donne en référence, le terme est utilisé au sens que lui donne Platon dans La République). Fâché de voir qu’il existe une littérature officielle et des éditeurs aux ordres, je lui réponds, faisant allusion à Genève, “qu’il est normal lorsque l’on vit dans un zoo de soigner sa cage et de s’acoquiner avec les gardiens.”