La maison que j’habite, maison de pauvre, autrefois grange, abri pour animaux, rapiécée par des gens nourris d’espoir et d’habiletés (précisons, habiletés illusoires, cette richesse du pauvre) fuit par le toit, poudroie par les murs, inonde par le fond. Les ouvriers du village découvrent le toit. Empilent les tuiles. Elles seront jetées. Autrefois, il y avait de la planche. Pour le carénage. Elle y est toujours. Mais les pauvres ont pratiqué leur art: coucher par l’extérieur, sur la planche, une forte épaisseur de mortier. Forte, en terme de poids — ceci afin que l’on voie la difficulté dont je parle — signifie : six ou sept tonnes d’un mélange grossier de sable et de ciment. Qui, dans le meilleur silence, lorsque le ciel est immobile, me coule sur les épaules. Intempestif. Une pierre tombe. Une autre. Encore une. Ou une poignée de sable. Si je regarde un film, si je lis, je me lève, je ramasse. Lorsque je dors, j’entends, je me rendors. Le matin, balayette en main, je fais des tas. Et me fatigue. Car le labeur est continu. D’où l’idée de recouvrir le toit de neuf. Seulement voilà, impossible de casser la couche de mortier. Il faudrait sortir les meubles et quatre mille livres. Une déménagement universel. J’aurai donc, dans quelques jours, un toit neuf qui continuera de m’envoyer des pierres sur la tête.