Erré ce matin dans la zone industrielle-résidentielle de montagne, côté Reina. Elle est pleine de lumière et de vent, plate, arithmétique, elle se détache sur la montagne. Je me demandais : “comment les banques peuvent-elles construire de tels parcs d’habitations?”. Peu après, j’atteins un site à jouets. Silence. Il est onze heures le matin. Dans les façades des unités d’habitation, pas un vivant. Stores tirés pour l’entre-saison. Elle dure trois mois. Avisant un banc, j’y couche mon sac à commissions (les planches sont mouillées). J’ouvre mon livre, une Histoire des sciences cognitives. Arrivés de loin, visibles de loin, je veux dire, visibles comme le serait un élément chimique sur le point de d’infuser en milieu homogène, une maman et son enfant. Le gosse a quatre ans. D’emblée la mère m’observe. Elle est nourrie d’inquiétude. Elle a raison. La raison du laboratoire. Peu après viennent au parc d’autres vivants, un père et son fils. Ce voyant, je me dis: “le territoire se peuple!” Puis voyant les acteurs s’ébattre, mon jugement devient moins abstrait, plus empathique : “gamin UN a trouvé pour camarade de jeu gamin DEUX”. Bien. Je m’en réjouis. Un début. L’histoire advient. Avant que je ne constate qu’il s’agit de deux frères, et que madame et monsieur sont les parents et que s’ils tapent chacun de messages sur leur téléphones portables, c’est certainement pour appeler au secours.