Bret Easton Ellis, dont j’ai tellement admiré le premier roman, Moins que zéro, lu il y a trente ans, ce matin à la radio pour un entretien, et quelle déception: lent, pataud, bonhomme. Un Américain critique, initialement surdoué, encore intelligent, mais si peu intellectuel, si peu langagier, si peu cultivé. Peut-être m’étais-je égaré? Ecrire Moins que zéro ou Les lois de l’attraction est impossible pour un Européen: trop de mémoire, de philosophie, de raffinement. Pas assez d’images au quotidien. Un défaut rédhibitoire de plasticité. Aussi, l’animateur de France-Culture! Poncif sur poncif. “Maintenant que vous êtes ici, à Paris, la ville des Lumières…”. A‑t-il seulement lu un des sept roman d’Easton Ellis? Ainsi, dans la dernière génération, Jim Harrison ferait exception. Chez cet écrivain, on devine une culture authentique: littérature, peinture, cuisine, histoire. Et ce n’est pas du vernis, il vivait dans la Montana. Vernis un Tom Wolfe, supercherie un Don Delillo, névrose (et belle qualité littéraire) un Paul Auster, mais pas Harrison.