Autour de la table ronde, amis et camarades de classe discutent le programme. Séances de cinéma, concerts, école, tout y passe. “Dois-je réviser?” L’un des copains se dresse:
-Il n’y aura pas d’examen, sauf pour celui qui ne sait pas. Mais d’abord, qui es-tu pour questionner ainsi? Serais-tu Jésus?
- Son patron!
Réponse qui provoque un tollé. On me jette dans un ascenseur. Puis j’assiste à la projection d’un film. Dans le noir rôde l’examinateur. Quand je lui échappe, me voici coincé dans un bus. Il trace des cercles, passe à proximité du bâtiment où se trouve mon arrêt, repart. Je saute. Des inconnus sont à ma poursuite, mais je cours mieux et plus vite. Plutôt, je vole devant moi. Deux pas pour l’élan, une droite dans les airs. Hélas, le truc fait long feu. L’énergie faiblit, mes jambes s’alourdissent, je m’embourbe. Alors je vois que la ville, le pays, la planète entière sont inondés d’une eau sale que jonchent des détritus.
“J’ai bien fait de me réfugier à la campagne il y a vingt ans”, me dis-je.
A la place du bâtiment, un hôtel. A la réception, des hommes en cravate. Le réceptionniste me fait annoncer à mon père, lequel me présente son amant, un PDG Japonais. Habillé d’un costume, il est couché en travers d’un lit matrimonial.
“Jamais, me dis-je, je n’aurai cru que mon père était homosexuel!“
Autour de la table ronde avec mon ami C.W. que je n’ai pas vu (dans la vie réelle) depuis six ans.
-Et maintenant, je demande, tu fais quoi?
-Je suis ministre.
-Ministre! Du sérieux!
-Oui, mais que le jeudi, quand je dois organier le café à l’heure de la pause.
Sur ces entrefaites, je me réjouis de parler à l’ami retrouvé, mais les occupants de la table, des vaudois comme lui, l’ont reconnu et l’assaillent de questions. Je demeure là, en silence, invisible pour ces vaudois comme pour C.W.