Jake

Jake le Gal­lois. Vingt-neuf ans, une ner­vosité d’ado­les­cent. Deux enfants qu’il ne voit pas. “P… je ne vois plus mes filles, pre­mière chose qu’il déclare en se hissant à l’ar­rière du camion. C’est m p… de femme! Elle ne veut pas.” Il tend la main:
-Au fait, mon nom est Jake.
Deux semaines de saouleries à Pat­taya.
-N’im­porte quoi. Fal­lait que je décroche. Quand j’ai vu qu’il y avait ce camp de boxe, j’ai pris un taxi.
-Jusqu’i­ci…?
-Ouais, je sais. De la folie! Plus cher qu’un bil­let d’avion. D’ailleurs, je suis fauché. Tout mon p… d’ar­gent est passé dans ce taxi.
Comme chaque matin, le camion nous dépose au camp. Cer­tains mon­tent sur le ring, d’autres rejoignent la piste de vitesse. Les entraîneurs sif­flent le ral­liement. Les boxeurs afflu­ent. Jake s’aligne, il frappe dans un sac, fait des pom­pes, rougit, s’es­souf­fle, vom­it. Le lende­main, à l’heure du camion:
-P…, j’ai été mal toute la p… de nuit!
Les jours suiv­ants, il n’est vis­i­ble nulle part, ni dans les quartiers ni à l’en­traîne­ment. Quand je le croise sur le car­refour, il me donne ses bons de mas­sage:
-Plus besoin, je m’en vais.
Il me mon­tre la pho­to de son hôtel à Bangkok.
-Un “par­ty­ing hotel”. Bar ouvert nuit et jour. Là, c’est la piscine, avec des sortes de bouées. Tu te mets à poil et tu te laiss­es aller.
Quant au tatouage de drag­ons et de ser­pent, une impor­tante tache de 15 cen­timètres sur la tête, il ne se sou­vient pas, il dor­mait, il s’est réveil­lé le lende­main, dans un bor­del, éton­né de trou­ver ça là.