A la tombée de la nuit, la ville se transforme en un grand gymnase à ciel ouvert. Une guide grimpe sur une estrade, banche la musique et donne les consignes à cent individus. Partout où se porte le regard, vers le parc du canal, les palmes du jardin botanique ou la cour de la Vocational school, les citadins sautent, pompent, dansent, flexionnent. Les séances sont longues: j’étais chez le coiffeur, à l’épicerie, à la gare des bus, plus tard je mangeais des légumes aux huître près du temple chinois — j’ai compté plus d’une heure. Achevée la séance, les gens se dispersent, affluent d’autres femmes, une autre séance débute. A l’instant, je suis descendu sur les berges de la rivière (où des paysans à demi-immergés pêchent à la main des coquilles): ce que font ces gens n’a pas l’air facile, les mouvements sont rapides et enchaînés, rares sont ceux qui déparent à la chorégraphie. Hier, j’ai discuté avec une professeur des écoles. Cinquante ans, on ne fait pas plus aimable. A peine avions-nous échangé deux mots, elle m’offrait un jus de mandarine pressé, le débouchais pour moi, le versais pour moi. Eh bien, chaque soir, le travail fini, elle va au parc et danse.