Neige 3

Prom­e­nade le long de la riv­ière. A mi-chevilles dans les con­gères. L’eau coule bleue, le vent fou­ette la soulane, au ciel tour­bil­lon­nent les flo­cons. Au sol, la lumière découpée en plans nets par les façades de pierre des maisons. Hier, le paysan attendait un locataire pour son gîte. Main­tenant, je com­prends ce qu’il fai­sait dans la rue, à la nuit — il guet­tait. Le vis­i­teur n’a pas atteint de vil­lage. Blo­qué dans le col.
-Avec un enfant! Je lui aurais dit moi. Il est par­ti trop tard!
-Et main­tenant?
Le paysan hausse les épaules:
-Dis­paru.
Il se remet à cass­er la glace rue de Côte. 
-Ce soir, je dois aller à la ville. 
Il casse, je me mets au soleil. Il mar­que une pause. 
-Autre­fois, dans les années… 1980, il y avait du monde ici. Au moins trente per­son­nes. Il neigeait, les trente per­son­nes sor­taient. Cha­cun fai­sait un bout de rue. Et puis ce n’é­tais pas utile, il y avait les bœufs et les chèvres, rien que d’aller boire à la fontaine du bas, ils écra­saient tout.