Promenade le long de la rivière. A mi-chevilles dans les congères. L’eau coule bleue, le vent fouette la soulane, au ciel tourbillonnent les flocons. Au sol, la lumière découpée en plans nets par les façades de pierre des maisons. Hier, le paysan attendait un locataire pour son gîte. Maintenant, je comprends ce qu’il faisait dans la rue, à la nuit — il guettait. Le visiteur n’a pas atteint de village. Bloqué dans le col.
-Avec un enfant! Je lui aurais dit moi. Il est parti trop tard!
-Et maintenant?
Le paysan hausse les épaules:
-Disparu.
Il se remet à casser la glace rue de Côte.
-Ce soir, je dois aller à la ville.
Il casse, je me mets au soleil. Il marque une pause.
-Autrefois, dans les années… 1980, il y avait du monde ici. Au moins trente personnes. Il neigeait, les trente personnes sortaient. Chacun faisait un bout de rue. Et puis ce n’étais pas utile, il y avait les bœufs et les chèvres, rien que d’aller boire à la fontaine du bas, ils écrasaient tout.