Lit 2

Pour mémoire, rap­pelons qu’il y a le socle de planch­es sur lequel j’imag­i­nais dormir nu et sans draps, blessant mes coudes, mes côtes, et l’os plat du genou, prenant froid et tenu de prévoir chaque mou­ve­ment pour prévenir la blessure. Par ailleurs tenu à dis­tance du som­meil par les com­pag­nies d’or­dures privées qui lev­aient pour le compte des trois restau­rants de la cour les détri­tus des cuisines en pleine nuit avec les bruits d’une escadrille de bom­bardiers, rue de l’U­ni­ver­sité, à Genève et plus tard, la dou­ble palette de chantiers et son mate­las-baig­noire ser­rés con­tre une paroi de plâtre gorgé de l’eau des rigoles au fond duquel vêtu d’une com­bi­nai­son de four­rure polaire de nav­i­ga­teur en soli­taire acheté aux sol­des à la cap­i­tainer­ie je me recro­quevil­lais, puis la cham­bre sans porte ni fenêtres où je subis­sais les intem­péries extérieures au rythme des saisons ( jusqu’à cinq cen­timètres de neige con­tre le lit) dans l’odeur de l’in­cendie qui avait rav­agé la toiture.