Pour mémoire, rappelons qu’il y a le socle de planches sur lequel j’imaginais dormir nu et sans draps, blessant mes coudes, mes côtes, et l’os plat du genou, prenant froid et tenu de prévoir chaque mouvement pour prévenir la blessure. Par ailleurs tenu à distance du sommeil par les compagnies d’ordures privées qui levaient pour le compte des trois restaurants de la cour les détritus des cuisines en pleine nuit avec les bruits d’une escadrille de bombardiers, rue de l’Université, à Genève et plus tard, la double palette de chantiers et son matelas-baignoire serrés contre une paroi de plâtre gorgé de l’eau des rigoles au fond duquel vêtu d’une combinaison de fourrure polaire de navigateur en solitaire acheté aux soldes à la capitainerie je me recroquevillais, puis la chambre sans porte ni fenêtres où je subissais les intempéries extérieures au rythme des saisons ( jusqu’à cinq centimètres de neige contre le lit) dans l’odeur de l’incendie qui avait ravagé la toiture.